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L'évolution de la consommation française de 1945 à nos jours

Boris Vian - La complainte du progrès (1954)

Boris Vian - Complainte du progrès

 Pour une complainte, cette chanson de Boris Vian est relativement enjouée... mais il s'agit bien d'un chant engagé, qui liste de façon ironique une foule d'objets eléctroménager, pour la plupart imaginaires (ce sont des "mots - valises",  procédé d'écriture que Vian réutilise dans l'Ecume des jours) grâce auxquels le couple peut s'aimer: "un avion pour deux, et nous serons heureux!"

La Complainte du progrès a été composée en 1954, en réaction directe à la consommation excessive découlant du progrès technique. Ici deux forces entrent en confrontation: l'amour de la femme pour l'objet, et l'amour de l'homme pour la femme. Et l'objet devient successivement pour le narrateur un outil de séduction, un moyen de mettre fin à la dispute, et la solution pour mettre fin à une relation.

Autrefois pour faire sa cour
On parlait d'amour
Pour mieux prouver son ardeur
On offrait son coeur
Aujourd'hui, c'est plus pareil
Ça change, ça change
Pour séduire le cher ange
On lui glisse à l'oreille
(Ah? Gudule!)

{Refrain 1:}
Viens m'embrasser
Et je te donnerai
Un frigidaire
Un joli scooter
Un atomixer
Et du Dunlopillo
Une cuisinière
Avec un four en verre
Des tas de couverts
Et des pell' à gâteaux

Une tourniquette
Pour fair' la vinaigrette
Un bel aérateur
Pour bouffer les odeurs

Des draps qui chauffent
Un pistolet à gaufres
Un avion pour deux
Et nous serons heureux

Autrefois s'il arrivait
Que l'on se querelle
L'air lugubre on s'en allait
En laissant la vaisselle
Aujourd'hui, que voulez-vous
La vie est si chère
On dit: rentre chez ta mère
Et l'on se garde tout
(Ah! Gudule)

{Refrain 2:}
Excuse-toi
Ou je reprends tout ça.
Mon frigidaire
Mon armoire à cuillères
Mon évier en fer
Et mon poêl' à mazout
Mon cire-godasses
Mon repasse-limaces
Mon tabouret à glace
Et mon chasse-filous

La tourniquette
A faire la vinaigrette
Le ratatine-ordures
Et le coupe-friture

Et si la belle
Se montre encore rebelles
On la fiche dehors
Pour confier son sort

{Coda:}
Au frigidaire
À l'efface-poussière
À la cuisinière
Au lit qu'est toujours fait
Au chauffe-savates
Au canon à patates
À l'éventre-tomates
À l'écorche-poulet

Mais très très vite
On reçoit la visite
D'une tendre petite
Qui vous offre son coeur

Alors on cède
Car il faut bien qu'on s'entraide
Et l'on vit comme ça
Jusqu'à la prochaine fois

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